La Terre entre les mains des artisans, un chef-d’œuvre sans égal

La vénérable Royal Geographic Society finançait autrefois de nombreuses expéditions, notamment celle au cours de laquelle Tenzing Norgay et Edmund Hillary furent les premiers à atteindre le sommet du mont Everest en 1953.
Katie Parker présente une autre pièce : un globe terrestre de poche peint à la main, posé dans un étui en peau de requin, datant des années 1730. Ce petit globe est magnifique. On y voit les continents, les pôles, les courants océaniques, et les principales latitudes et longitudes.
« Les globes terrestres de poche étaient à l’époque très populaires », souligne Katie Parker. « Contrairement aux cartes en deux dimensions, ils nous rappelaient que la Terre est ronde. »
Les premiers globes, en particulier, revêtent une importance spéciale. Ils nous ont effet permis de comprendre l’immensité dans laquelle nous visons. Ils étaient pour ainsi dire une preuve éclatante que l’humanité vivait sur un ballon bleu filant à travers l’univers.
Bien que les premiers globes terrestres soient apparus dans la Grèce antique il y a plus de 2.000 ans, le Globe de Behaïm est considéré le plus ancien encore existant au monde. La « pomme terrestre » de Martin Behaim de 1492, aujourd’hui exposée au Musée national germanique de Nuremberg, est un véritable joyau de l’histoire de l’humanité.
Les globes nous fascinent également pour une tout autre raison : ils nous permettent d’avoir le monde entier sous nos yeux. Pas de manière abstraite, mais bien sous la forme d’une représentation réelle. Nous pouvons y observer le dessin des côtes, l’ombre de montagnes, les profondeurs bleues des fosses océaniques, le pôle Nord, le pôle Sud, les tropiques, l’équateur. Et puis se produit quelque chose de complètement inattendu : comme nul autre objet, le globe éveille en nous une envie de voyager, le besoin de s’échapper pour atteindre des rivages mêmes lointains.


Katie Parker remet ce magnifique globe terrestre de poche ancien dans son étui et referme les portes des archives. Le moment est presque empreint de tristesse. L’époque des cartes maritimes et des globes anciens est pratiquement oubliée, la trace des régions inexplorées a disparu. Aujourd’hui, pour visualiser la Terre, nous allons sur Google Maps et nous zoomons sur le monde à la taille souhaitée. Cela ne prend même pas une seconde et ne coûte rien. Il n’existe plus aucun mystère...
Cependant, Londres ne serait pas Londres, et l’Angleterre ne serait pas l’Angleterre, si les anciennes traditions n’étaient pas préservées ici et là. Cela s’applique également à un objet symbolique : le globe. On le fabrique encore aujourd’hui à Londres : le monde tel que nous l’aimons, la Terre sous la forme d’une magnifique sphère à exposer dans le salon.

Courage. Persévérance. Enthousiasme
Le lendemain matin, une Bentley grise de 1964 avec un imposant capot et des sièges en cuir usés s’arrête dans le quartier de Stoke Newington. L’homme au volant s’appelle Peter Bellerby et a 60 ans. Un bricoleur intrépide qui a fait revivre un art oublié depuis des siècles. Un homme qui crée son propre monde, pratiquement de manière ancestrale, de ses propres mains, avec des pinceaux, de la colle, des aquarelles à base de miel, de fiel de bœuf et de gomme arabique, du laiton et du bois, et bien d’autres composants que personne au monde n’achèterait.
Pourtant, tout a commencé de manière un peu innocente. Peter Bellerby, ancien acteur, souhaitait offrir un globe à son père à l’occasion de son 80e anniversaire. Un globe vraiment élégant, stylé et plein de charme. Il partit à la recherche de cet objet, mais sans succès. Il n’en trouva aucun qui lui plaisait. « Tous les globes modernes sont fabriqués de manière industrielle. Ils ressemblent davantage à des fournitures scolaires qu’à un objet élégant. Et ce n’était pas du tout ce que je recherchais. »
Courage. Persévérance. Enthousiasme
Le lendemain matin, une Bentley grise de 1964 avec un imposant capot et des sièges en cuir usés s’arrête dans le quartier de Stoke Newington. L’homme au volant s’appelle Peter Bellerby et a 60 ans. Un bricoleur intrépide qui a fait revivre un art oublié depuis des siècles. Un homme qui crée son propre monde, pratiquement de manière ancestrale, de ses propres mains, avec des pinceaux, de la colle, des aquarelles à base de miel, de fiel de bœuf et de gomme arabique, du laiton et du bois, et bien d’autres composants que personne au monde n’achèterait.
Pourtant, tout a commencé de manière un peu innocente. Peter Bellerby, ancien acteur, souhaitait offrir un globe à son père à l’occasion de son 80e anniversaire. Un globe vraiment élégant, stylé et plein de charme. Il partit à la recherche de cet objet, mais sans succès. Il n’en trouva aucun qui lui plaisait. « Tous les globes modernes sont fabriqués de manière industrielle. Ils ressemblent davantage à des fournitures scolaires qu’à un objet élégant. Et ce n’était pas du tout ce que je recherchais. »
Ses recherches et ses visites à des ventes aux enchères lui permirent de dénicher des exemplaires anciens, mais la plupart étaient endommagés ou hors de prix. Bellerby eut alors une idée : « Je vais fabriquer moi-même un globe pour mon père ! »
C’était à l’automne 2008. Bellerby n’avait encore aucune idée de ce dans quoi il s’embarquait. Il dut étudier l’astronomie, comprendre le fonctionnement de la Terre : son axe, sa géométrie, sa morphologie. Il réalisa bientôt qu’il était quasiment impossible de fabriquer un tel globe de ses propres mains. Bellerby calcula, recalcula, examina les différents types de papier qu’il pouvait appliquer sur la sphère. Pour créer la carte du monde, il dut utiliser différentes projections de la surface de la Terre. Une tâche complexe. Il découpa les premières bandes au scalpel, avec une précision au vingtième de millimètre près. Bellerby estime qu’il lui fallut environ 50.000 tentatives avant d’y parvenir.
Les questions étaient innombrables et l’investissement financier était important. Bellerby se mit à étudier l’histoire de la cartographie. Comment étaient construits les atlas ? Que signifiait la projection de Mercator ? « Le tout a donné naissance à un projet titanesque, je me perdais dans des centaines d’essais et j’ai jeté des dizaines de globes. »
Ses recherches et ses visites à des ventes aux enchères lui permirent de dénicher des exemplaires anciens, mais la plupart étaient endommagés ou hors de prix. Bellerby eut alors une idée : « Je vais fabriquer moi-même un globe pour mon père ! »
C’était à l’automne 2008. Bellerby n’avait encore aucune idée de ce dans quoi il s’embarquait. Il dut étudier l’astronomie, comprendre le fonctionnement de la Terre : son axe, sa géométrie, sa morphologie. Il réalisa bientôt qu’il était quasiment impossible de fabriquer un tel globe de ses propres mains. Bellerby calcula, recalcula, examina les différents types de papier qu’il pouvait appliquer sur la sphère. Pour créer la carte du monde, il dut utiliser différentes projections de la surface de la Terre. Une tâche complexe. Il découpa les premières bandes au scalpel, avec une précision au vingtième de millimètre près. Bellerby estime qu’il lui fallut environ 50.000 tentatives avant d’y parvenir.


Peter Bellerby a au final mis plus de deux ans pour fabriquer son premier globe artisanal. Ce cadeau, qu’il devait offrir à son père pour son 80e anniversaire, il le lui a offert pour ses 83 ans. Et dès cet instant, la vie de Peter a basculé.
Le projet prit de l’ampleur et Bellerby s’y plongea à corps perdu. Il fonda une entreprise et recruta une petite équipe d’artistes pour l’épauler. Des spécialistes du travail du bois, des dessinatrices pour les cartes, des mécaniciens de précision pour les anneaux méridiens en laiton. Il loua un atelier dans le nord de Londres. Un jour, un homme qui travaillait chez Christie’s passa par là et vit les globes sur l’établi : « Quelle idée fantastique ! Persévérez sur cette voie ! Les clients vont faire la file jusqu’au bout de la rue. »
S’ensuivirent des années de travail minutieux : fraisage, mise en forme, calcul, collage, peinture, dessin. Chaque nouvelle pièce était un éternel recommencement. Mais au fur et à mesure que le temps passait, les globes devenaient de plus en plus parfaits et plus beaux.
Peter Bellerby vendit son premier exemplaire à une bibliothécaire de Brisbane, en Australie, et d’autres furent utilisés pour un projet de film de Martin Scorsese. Puis vint la gloire. Aujourd’hui, 15 ans plus tard, l’entreprise Bellerby & Co est non seulement unique, mais est devenue une véritable institution. Plus de 5.000 globes, commandés par des passionnés du monde entier, ont déjà quitté l’atelier londonien.
Peter Bellerby a au final mis plus de deux ans pour fabriquer son premier globe artisanal. Ce cadeau, qu’il devait offrir à son père pour son 80e anniversaire, il le lui a offert pour ses 83 ans. Et dès cet instant, la vie de Peter a basculé.
Le projet prit de l’ampleur et Bellerby s’y plongea à corps perdu. Il fonda une entreprise et recruta une petite équipe d’artistes pour l’épauler. Des spécialistes du travail du bois, des dessinatrices pour les cartes, des mécaniciens de précision pour les anneaux méridiens en laiton. Il loua un atelier dans le nord de Londres. Un jour, un homme qui travaillait chez Christie’s passa par là et vit les globes sur l’établi : « Quelle idée fantastique ! Persévérez sur cette voie ! Les clients vont faire la file jusqu’au bout de la rue. »
S’ensuivirent des années de travail minutieux : fraisage, mise en forme, calcul, collage, peinture, dessin. Chaque nouvelle pièce était un éternel recommencement. Mais au fur et à mesure que le temps passait, les globes devenaient de plus en plus parfaits et plus beaux.

En franchissant la porte, on pénètre dans un univers unique : un royaume d’artistes, un atelier de créateurs. L’air embaume les plantes et le café frais. Le silence y règne en maître. Des femmes et des hommes sont assis aux établis, absorbés par l’art ancestral de la fabrication de globes. Sur les tables devant eux se trouvent des boîtes d’aquarelles, des tampons et différents pinceaux. Et bien sûr pas n’importe quels pinceaux, mais des pinceaux ronds pointus fabriqués à la main à partir de délicats poils d’écureuil.
Des globes sont suspendus et déposés partout. Il y en a de toutes les tailles : petits, moyens et même des modèles qui remplissent la moitié de la pièce. Certains sont presque terminés tandis que d’autres sont encore d’un blanc immaculé et en cours de création. Les bandes de papier sèchent suspendues à des cordes à linge, les étagères sont remplies de palettes de peinture, couteaux, cartouches et cartons.


Personne ne parle. Tout le monde découpe, colle, dessine, colorie. Les globes ne doivent pas être beaux, ils doivent être parfaits ! Tous des originaux signés Bellerby & Co. Globemakers London, probablement l’unique fabricant de globes au monde, où la bonne vieille planète Terre est encore créée comme autrefois. Avec un souci du détail méticuleux et presque un grain de folie.
Les petits modèles ont un diamètre de 12 cm et celui des grands peut atteindre 130 cm. Pour acquérir le somptueux modèle « Churchill » à poser ou l’« Animalia Edition » avec plus de 200 illustrations réalisées à la main dans le coloris Regency Blue avec un socle en noyer, il vous faudra dépenser 74.000 livres anglaises. Les prix peuvent encore être plus élevés selon le degré d’extravagance des clients.
Aujourd’hui, Peter Bellerby emploie trente personnes. Des illustratrices, des dessinateurs, des cartographes et des peintres. La fabrication d’un globe nécessite plusieurs semaines, voire plusieurs mois, car chaque pièce est un exemplaire unique. « Certains clients souhaitent que leur biographie soit immortalisée sur les globes », explique Bellerby. « Les endroits du monde dans lesquels ils ont vécu. Les pays qu’ils ont visités. » Un jour, nous avons reçu une demande tout à fait inhabituelle. Un client a commandé un globe sans frontières, pays, ni détails géographiques. Une bille bleue magique. Ce client avait effectué un vol touristique vers la Station spatiale internationale. Il souhaitait à présent avoir un globe qui lui rappelait la Terre aussi nue et belle qu’il l’avait vue de l’espace.
Personne ne parle. Tout le monde découpe, colle, dessine, colorie. Les globes ne doivent pas être beaux, ils doivent être parfaits ! Tous des originaux signés Bellerby & Co. Globemakers London, probablement l’unique fabricant de globes au monde, où la bonne vieille planète Terre est encore créée comme autrefois. Avec un souci du détail méticuleux et presque un grain de folie.
Les petits modèles ont un diamètre de 12 cm et celui des grands peut atteindre 130 cm. Pour acquérir le somptueux modèle « Churchill » à poser ou l’« Animalia Edition » avec plus de 200 illustrations réalisées à la main dans le coloris Regency Blue avec un socle en noyer, il vous faudra dépenser 74.000 livres anglaises. Les prix peuvent encore être plus élevés selon le degré d’extravagance des clients.
Peter Bellerby et son équipe créent non seulement des mondes de rêve, mais les globes sont avant tout de merveilleuses métaphores de notre Terre. Les globes londoniens sont une référence en la matière et rendent hommage à l’original à leur manière : un chef-d’œuvre représentant la Terre.
Force est de constater que la réussite est totale !


Peter Bellerby et son équipe créent non seulement des mondes de rêve, mais les globes sont avant tout de merveilleuses métaphores de notre Terre. Les globes londoniens sont une référence en la matière et rendent hommage à l’original à leur manière : un chef-d’œuvre représentant la Terre.
Force est de constater que la réussite est totale !

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Aluminium Collection
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